10 Mai 2009
Un grésillement cybernétique fait crépiter la machinerie de mes MP3, les teintant par la même occasion du soupçon d’aura qu’il manquait à ces matériaux froidement numérisés. Comme un craquement sur ce bon vieux vinyle de Paco Ibanez à l’Olympia. Comme cette K7 chancelante de Radiohead, oubliée sur mon walkman au fond du coffre de la voiture garée en plein soleil, à Sienne. Ou encore, cet enregistrement pirate d’ « Unfinished Sympathy » de Massive Attack, repiqué en posant un microphone sur mon radio réveil, quand j’avais à peine dix ans. La magie opère. Le son n’est plus celui, originel, du studio. Médiatisé par une technologie vacillante, il devient propice à mille surprises.
Sur mon ordinateur portable, la compression en 64 bits fait que les morceaux sautent toutes les 2 mn 40 s. Comme une K7 dérapant dans l’autoradio au passage de la voiture sur une voix ferrée. 3 secondes en moins sur le « Justice Tonight » des Clashs. Mieux encore sur un site d’écoute à 10 heures pile. Une micro seconde d’arrêt suspend l’envol de chaque morceau toutes les minutes. Lancés trop rapidement, les morceaux sont joués simultanément. Un crépitement à l’écoute de Public Image Ltd. Le dub des origines. Ma connexion Internet bat comme le tic tac d’une horloge. Tic,tac.