20 Juin 2007
Faut-il vraiment parler du film Made in Jamaica ? Libé dit que oui, que ça l'a passionné. Le Nouvel Obs va jusqu'à écrire "qu'on voit mal comment on pourra désormais parler de la musique jamaïcaine sans évoquer le travail de Jérôme Laperrousaz". Soit, mais alors pour en dire du mal. Car comme vision exhaustive de la Jamaïque, on repassera.
Ce film n'évite aucun cliché : la corruption, la violence, le sexe, la drogue... le tout avec Bob Marley comme seule caution morale. Quid des gens de tous les jours ? De ceux que l'on voyait dans le film Rockers ? Rien. Sauf à bien regarder, dans les angles, en arrière plan, les jeunes filles en jeans et en t-shirt, dansant tranquillement avec leurs compagnons, bien loin de l'hystérie des gogo danseuses en string et des bad-boys exhibant leur gun à tout va.
D'où vient le dancehall, quelles en sont les innovations musicales, les aspirations ? Là encore, pas de réponse dans le film, si ce n'est gagner du fric. Autant le film Rockers était un magnifique hommage aux musiciens de l'ombre, autant Made in Jamaica cède à la hype en insistant seulement sur quelques figures médiatiques, comme Capleton (qui nous fait un beau numéro de rasta, avec la complaisance naïve du réalisateur, sans qu'il ne soit jamais question des polémiques qui touchent actuellement ce mouvement...). Des toasters, des MCs, des chanteurs mais pas de djays. Un seul guitariste, celui de Third World. Le comble du mépris : faire figurer Sly & Robbie seulement quelques minutes dans le film, pour les faire jouer dans une boîte de strip-tease. Seule la folie de Bunny Wailers donne un peu d'air à ce film d'une lourdeur étouffante.
Un film incroyablement flou, manquant cruellement de recul (la caméra filmant en gros plan perpétuel), usant comme un mauvais clip de MTV.