Roy Paci & Aretuska, Suono Global, 2007

 

Voilà déjà le quatrième album de Roy Paci & Aretuska… en tout juste quatre ans! N’y voyez pas du travail bâclé, mais plutôt une boulimie d’idée pour ce musicien hors-norme. Sur « Suono Global », le sicilien de Catane tourne le dos au jazz de ses débuts pour explorer la sono globale dont son île natale est l’émanation.

Trompettiste de jazz émérite, Roy Paci a pas mal roulé sa bosse avant de se lancer véritablement en solo. Des projets à la pelle, des collaborations en veux-tu en voilà avec des musiciens aussi divers qu’Eric Mingus, Mau Mau ou Manu Chao pour le Radio Bemba Tour en 2001. Avec Aretuska, groupe formé de musiciens de jazz/ska siciliens, le jazzman s’est découvert un côté crooner aux faux airs de parrain à la Denis Al Capone. Poussant la ritournelle, il s’est mis a fusionné le ska jamaïcain des 60’s avec le jazz de Charlie Parker, les chants siciliens et la musique expérimentale d’Ennio Morricone. Un heureux mixe qui se poursuit encore sur « Suono Global », avec cette fois-ci des incursions plus marquées du côté de l’Amérique Latine, mariant cumbia, ragga, salsa et ska.

La pochette bigarrée de « Suono Global » pousse à la comparaison. On pense forcément aux albums de Manu Chao, d’autant que ce dernier fait une apparition sur Toda Joia Toda Beleza. Mais le son est tout autre que celui des albums acoustiques d’el desaparecido, plus proche de celui de Radio Bemba live. Production soignée, ampleur des sons et des effets digitaux, voix très chantante, cuivres tonitruants et groove addictif : la bonne humeur est au rendez-vous !

Ce n’est pas à Manu Chao que l’on pense finalement, mais à Fermin Muguruza pour son côté altruiste, moins intimiste. Car il y a foule au micro de Roy Paci. C’est le rendez-vous des toasters de différents horizons comme Cico, Cor Veleno, Pau (Negrita), Raiz, Caparezza & Sud Sound System… le flow de tous ces rudes boys étant magnifié par la douce voix de la chanteuse Grazia Negro.

L’album commence de façon dancehall, en espagnol, pour se radoucir ensuite, en italien. Et c’est au fil de l’écoute qu’il devient addictif. En milieu d’album, Prova a Ballare est une explosion ensoleillée sur laquelle Roy Paci nous invite à danser contre le temps, à chanter autant qu’on veut. Avide de sagesse, le chanteur n’est pas avare de paroles lorsqu’il s’agit de chanter les joies de la vieillesse. E’ meglio la vecchiaia déclare-t-il, repris en chœur par Erriquez (Bandabardò) : « Je suis en sifflotant la route des cent ans… Mourir d’amour n’est plus de mon âge », chante-il, débonnaire. Un conseil : suivez bien la musique de Roy Paci et vous vivrez centenaire !

A voir aussi, de chouettes animations sur les sites officiels de Roy Paci et d'Aretuska :

http://www.roypaci.it/

http://www.aretuska.com/