Cesaria Evora, Radio Mindelo (2008)

Que de nostalgie à l’écoute de ce nouveau disque de Cesaria Evora ! C’est comme si on retrouvait soudain une précieuse malle égarée dans le grenier des souvenirs, contenant des photos de famille marquées par le temps qui passe, dévoilant des figures inconnues et familières à la fois.

Ce voyage dans le temps nous fait remonter au début des années 1960, à l’époque où la jeune diva aux pieds nus enregistrait ses premières chansons au micro de radio Barlavento, à Mindelo. Les enregistrements de musique capverdienne étaient rares à l’époque. La radio était souvent le seul moyen pour les artistes de diffuser leur musique. Encouragée par le compositeur Gregorio Conçalves, Cesaria Evora interprète alors une vingtaine de titres. Certains paraîtront en 45 tours mais sans bénéficier d’une diffusion à la hauteur du talent de la jeune chanteuse. Au risque même de tomber dans l’oubli, sans cette réédition. Près de 40 ans plus tard, les voici donc qui s’offrent une seconde jeunesse.

L’auditeur y retrouve des mornas familières, celles-là même qui feront le succès de Cesaria Evora des années après l’indépendance du Cap Vert : Cize, Mar Azul, Sangue di Beirona, Cinturao Tem Mele… Cependant, le dépaysement est bel et bien au rendez-vous. L’interprétation aux seules guitares donne aux morceaux une coloration davantage latine qu’africaine. La voix, elle aussi, à changer. Plus insouciante, légère et limpide, elle n’est pas encore marquée par les aléas de la vie. Elle n’en reste pas moins émouvante.