Philippe Manoeuvre, Rock’n’roll, la discothèque rock idéale (2006)

12/04/2008 08:43

Blouson en cuir, santiag, jeans et lunettes noires… Philippe Manœuvre ne change pas. Jeudi 30 mars 2006, Monsieur Rock & Folk présentait son ‘‘histoire idéale’’ du rock, lors d'une conférence au Centre Pompidou, à Paris. En toute décontraction et avec beaucoup d’humour, comme à son habitude... rock'n'roll toujours!!

Si le rock m’était conté…

L’histoire du rock, c’est un peu une tradition orale, perpétuée depuis les années 1950 jusqu’à nos jours, dans les studios, d’ingénieurs du son à musiciens… Cette tradition, Philippe Manoeuvre ne voulait pas la laisser perdre. Dans sa Discothèque idéale, il a retenu les 102 disques qui ont marqué ce genre musical décidément inoxydable…

Conscient des lacunes de ce type d’ouvrage, il s’est excusé au près des ‘‘amoureux déçus’’ qui n’y ont pas retrouvé leur disque emblématique. Mais il lui importait avant tout de respecter le spectre chronologique et la diversité des styles abordés. Le but n’étant pas de présenter les groupes, mais bien de raconter dans quelles conditions les disques ont été enregistrés et d’en dévoiler les anecdotes.

La fronde de la jeunesse

De ces débuts, Philippe Manœuvre retient l’incroyable sensation de liberté qu’a apporté le rock, cet ‘‘état d’esprit frondeur’’ qui perdure aujourd’hui. A l’inverse de la pop, le rock est contestataire. Et, contrairement à la pop toujours qui privilégie le chanteur charismatique, le rock s’appuie sur le tandem chanteur/guitariste : ‘‘pour savoir si c’est du rock, chercher le guitariste !’’, conseille le rédacteur en chef de Rock & Folk.

Avec amphase, il raconte comment sa génération, celle du Baby boom, est arrivée ‘‘dans un monde sans musique’’, où régnait ‘‘l’accordéon du dimanche matin’’, avant d’être ‘‘envoutée par la guitare électrique’’. En véritable Champollion, les jeunes de l’époque déchiffraient les textes pour apprendre l’anglais et s’approprier une culture née sur l’autre rive de la Manche et de l’Atlantique. En réaction à l’hégémonie yéyé de Salut les copains, des anciens rédacteurs de Jazz Hot (fondé en son temps par Boris Vian) créent Rock & Folk en 1966. Le rock pour les élucubrations. Le folk en référence à Bob Dylan, pour crier à la face du monde que les jeunes ont une tête et qu’ils veulent s’en servir. La critique rock naît enfin en France, inspirée du cut up et de la poésie électrique de Ginsberg et de Dylan.

Une histoire née en studio

En insistant sur les albums, et non pas sur les chansons, Philippe Manœuvre rappelle que le rock, plus encore que le jazz, est né en même temps que le studio d’enregistrement et a évolué avec la technologie. La donnée nouvelle du rock, c’est d’utiliser le studio comme un instrument. De fait, des années 1954-1966, à l’heure du 45 tours, il n’y a pas de véritables albums. Les premiers albums des Beatles et des Rolling Stones sont davantage des collections de singles.

Puis, arrive Pet Sounds des Beach Boys. Brian Wilson refuse de sortir un 45 tours à partir de l’album. De fait, le tube ‘‘Good Vibrations’’ ne figure pas dessus. De même que ‘‘Pennylane’’ ne figurera pas sur les 37 minutes du mythique Sergent Paper des Beatles. En 1967, c’est l’explosion. Outre Sergent Paper, parait le premier album des Doors, mais aussi ceux du Velvet Underground, des Pink Floyd, de Love, de Jefferson Airplane…

Parallèlement au studio, le rock accompagne la naissance de tout un art graphique, joliment mis en avant grâce à la présentation soignée de cette Discothèque rock idéale : la pochette de Cheap Thrills de Janis Joplin réalisée par Robert Crumb, celle de Goo de Sonic Youth réalisé par Raymond Pettibon. A l’heure du MP3, la nostalgie du vinyle se fait encore sentir…

Philippe Manœuvre
Rock’n’roll, la discothèque rock idéale
Rock & Folk / Albin Michel

article écrit pour le webzine Stopinfos